Xavier Adrien LAURENT, du classique au comique

Xavon de Marseille

Xavier Adrien Laurent, est un artiste dramatique marseillais, mêlant humour, culture et théâtre. « XAVON DE MARSEILLE » son nouveau one man show co-écrit avec Gilles Ascaride, est un spectacle iconoclaste et décalé, qui se jouera au théâtre Toursky le mardi 19 janvier à 21h. Nous sommes allés à sa rencontre, pour vous faire découvrir les 3 facettes de Xavier, Adrien et Laurent. 

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Qui es-tu ?

Oulà ! ça risque d’être long ! Disons que je suis comédien, auteur et metteur en scène, et que, comme beaucoup d’artistes, mon métier et ceux que j’ai pu exercer avant ou pendant en parallèle (heureusement plus depuis longtemps) m’ont permis de faire beaucoup, beaucoup d’expériences et de rencontrer beaucoup de gens différents, ce qui a presque toujours été un grand plaisir. Voilà, déjà, pour ceux qui n’ont pas envie de lire la suite, vous avez l’idée. Sinon, pour un peu plus de détails, en tant que comédien, j’ai fait des études ici à Marseille, au Conservatoire d’Art Dramatique, et je ne suis pas parti à Paris ou à Londres pour des écoles nationales, car je travaillais déjà en tant que comédien dans la région, avant même la fin de mon cursus d’apprentissage. De là, j’ai enchaîné les boulots : comédien, puis chargé de communication culturelle, puis comédien, puis manutentionnaire, puis comédien, puis chauffeur, puis comédien, puis… Jusqu’au jour où cela n’a plus été « que » de l’artistique. Dans les « à côtés », dans les années 90, j’ai pu activement participer au lancement de Cart’com dans la région (gestionnaire du réseau de présentoirs, c’était moi qui passait partout à Marseille – Aix – Aubagne et qui assurait le « réassort », ouvrait le réseau à de nouveaux lieux, etc.), puis j’ai participé un temps au développement du théâtre Toursky et ensuite du Quai du Rire (assistant de communication). J’ai aussi un peu vécu à l’étranger, notamment aux USA et au Danemark. Depuis 15 ans, j’anime ou co-anime de nombreux collectifs artistiques (notamment La Réplique et l’AAFA), et j’ai eu le plaisir de cofonder les têtes de l’Art. J’ai enchaîné les rôles mais aussi les mises en scènes, écritures, directions artistiques, etc., dans de nombreux domaines différents, ce qui m’a donné un regard un peu « transversal » sur les choses.  Aujourd’hui, avec mes solos, je mélange les ingrédients, car la culture, le divertissement, l’art, sont composites. Un bon plat est souvent un mélange de saveurs, la recette est simple ou complexe, mais elle est une chimie ou une alchimie. Il en va de même pour mes spectacles, « Xavier-Adrien Laurent, artiste dramatique« , et « Xavon de Marseille ».

Tu as joué dans pas mal de pièces classiques, comment passe-t-on du théâtre classique, au one man show humoristique ? Comment et quand as-tu pris la décision de te consacrer entièrement à ta carrière d’humoriste ?

Justement, je trouve logique et naturel de passer de l’un à l’autre. Le classique est d’abord composé de chefs d’œuvres, et de textes « immortels », et l’on a envie de les éclairer d’un jour différent, ou de les faire entendre à tout le monde, et de nos jours, beaucoup de gens n’allant pas au théâtre ont tout de même parfois le réflexe d’aller voir des spectacles d’humour pour se détendre ou s’amuser. Au temps de la Grèce antique, on allait au théâtre comme on allait au bar ou voir un match de foot, car on savait que tout en se distrayant, on réfléchirait, on aurait d’autres sujets de discussions, ou on apaiserait tel ou tel problème personnel ou collectif, c’était – et c’est toujours d’ailleurs – la fameuse « catharsis », le phénomène qui fait que, plaçant quelque chose de préoccupant dans la représentation, sur la scène du théâtre, aux yeux de tous, chacun exorcise une partie de ce problème, car il est publiquement exposé, il n’est plus tabou et l’on peut en parler, on peut se situer par rapport à lui, on peut s’en soulager. Donc, j’estime que les grands textes appartiennent à tout le monde, et en même temps, vu que tout le monde ne va pas en écouter tous les jours, il semble utile et amusant de les mélanger à des bêtises. Inversement, les gens plus cultivés sont souvent méfiants de ce qui fait rire, car on croit à tort que drôle est synonyme de bête. Même si l’humour actuel n’est pas toujours très exigeant et un peu trop au ras des pâquerettes, il est faux de penser que l’humour est inutile ou idiot, au contraire, il fait partie intégrante de la culture et c’est une vraie forme d’art.

IMG_6649-1Tu es à l’affiche d’un nouveau one man show intitulé « Xavon de Marseille ». Peux-tu nous parler de ce spectacle ?

Xavon de Marseille », au départ, c’est le sobriquet que j’ai reçu de la part de Gilles Ascaride, roi de l’Overlittérature, un courant littéraire marseillais, iconoclaste et décalé, au travers duquel nombre d’auteurs, loin des banalités habituelles véhiculées à propos de Marseille, souhaitent toucher à une certaine « Universalité de l’Esprit Marseillais » (pour reprendre le terme d’Henri-Frédéric Blanc, lui-même Pape de l’Overlittérature.) De ce sobriquet, qui a fait rire tout le monde à Marseille comme ailleurs, nous avons eu envie de faire un spectacle. Tout l’intérêt de « Xavon » est que Xavon, comme XaL, comme Xavier, Adrien et Laurent, ne se sont jamais sentis vraiment marseillais ! Pourtant, ils le sont. C’est génétique. C’est prouvé. Du coup, « Xavon » est un mec qui cherche sans cesse à raconter l’irracontable, qui se perd, et se fourvoie, et marche au gré de son cerveau… Dans la lignée du style proposé dans mon premier solo, « Artiste dramatique », nous avons écrit une bouillabaisse littéraire, faite d’extraits d’auteurs célèbres, marseillais ou pas, de tranches de vie, de réflexions et de transpositions improbables, mais jamais inutiles… Un fouillis mêlant de nouveau grande culture et pop culture ; un fouillis rigolo et poétique, à propos de Marseille, de la notion d’identité(s) en général, mais pas que, ou pas vraiment, ou peut-être que si, après tout… Une ode qui s’ignore à une ville, peut-être, ou plutôt à tous ceux qui ont le sentiment d’être de quelque part, sans oublier ceux qui ont celui d’être de nulle part, le tout caché dans un cri d’agacement… On s’est dit tout ça avant d’écrire… Et comme à Marseille, on n’est pas (que) des grosses bouches, on a fini par l’écrire ! Une « mise en bouche » a été jouée à la Buzine en août 2014, puis création en avril 2015 au Théâtre Jean Ferrat à Septèmes les Vallons. Quelques dates depuis, et j’espère que ça continuera…

Quels sont tes projets, tes rêves les plus fous ?

Rêve les plus fous, c’est confidentiel, mais parmi les projets, il y a le fait de m’établir à mi-temps à Londres et de commencer à tourner là-bas pour le cinéma et la télévision. Je suis bilingue depuis longtemps et j’ai appris l’anglais pour pouvoir jouer dans cette langue. Les anglais (comme les belges, d’ailleurs, d’une autre manière), ont une vision moins « cadrée » et moins faussement cartésienne des choses, artistiquement, en tout cas. Ils peuvent jouer une œuvre « dans le style » tout en partant complètement en vrille et changer d’univers, sans changer l’esprit du texte, ils savent adapter les significations, réinjecter du contexte et de l’originalité. En France, on a tendance à être un peu « figés », soit on innove, au détriment du sens, soit on « respecte » l’oeuvre, et ça peut paraître poussiéreux. Nous avons tendance à être impulsifs ou cérébraux, ou ceci, ou cela, et les anglais ont plus tendance à être tout à la fois, car ils jouent vraiment, dans la véritable définition de « jouer » ; à savoir : s’amuser, et transcender les idées, les genres et les codes. Un acteur représente ou incarne la vie, et même si on peut étiqueter, décrire et analyser la vie, elle n’entre pas dans des cases.

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Un conseil à donner à ceux qui voudraient suivre ta voie et se lancer dans une carrière de comédien ou d’humoriste ?

Sachez réellement pourquoi vous voulez faire ça. Gardez à l’esprit que c’est un métier et un art. Ne vous laissez pas décourager, mais ne vous laissez pas flatter non plus. Soyez curieux et inspirez-vous des autres, avec votre propre personnalité et créativité. N’oubliez pas que pratiquer un art peut se faire en amateur ou en tant que professionnel, mais que les enjeux et l’investissement personnel ne sont pas les mêmes, ni la difficulté. Ne considérez jamais que vous savez tout, mais sachez vous appuyer sur ce que vous savez réellement, tant que ça vous mène quelque part. Enfin, être acteur ou actrice, comédien ou comédienne, comporte ceci de particulier que vous êtes vous-même votre propre outil de travail. C’est parfois très enrichissant, parfois très perturbant. De plus, lorsque les gens regardent, aiment ou critiquent « votre travail », ils vous regardent, vous aiment, ou vous critiquent. Vous n’êtes pas un tableau, pas une photo, pas une pièce. Vous êtes une personne. Ce qu’ils pensent de votre personnage déteint sur vous et inversement… Si l’on est fragile ou maladroit, il faut devenir solide et habile, tout en utilisant et en écoutant notre fragilité ou notre maladresse. De ce fait, plus que tout autre artiste, je crois, le comédien doit réellement avoir la tête loin dans les étoiles et les pieds fermement sur terre. Au niveau des filières, des pistes, des écoles, des cours, pour celui ou celle qui veut devenir professionnel(le), il y en a beaucoup, en région comme à Paris, il suffit de se renseigner, personnellement, je conseillerai plutôt, si l’on est jeune et que l’on veut faire du théâtre, les écoles nationales d’acteurs, qui sont des cursus très, très, complets, et financés par l’argent public. Pour le cinéma ou l’humour, c’est plus flou, mais les pistes sont innombrables, bonnes ou moins bonnes, en prenant des cours ou « sur le tas ». J’ajoute pour les gens novices qui liraient ça et qui rêveraient de travailler dans ces milieux : ne vous laissez pas influencer par les nombreuses escroqueries, en ligne ou pas : aucun agent, aucune agence, aucun directeur de casting ou metteur en scène ou compagnie de théâtre professionnel(le) ne fait payer pour « accéder à des annonces » ou « trouver du travail », « décrocher des auditions » ou encore « faire partie d’un fichier consulté par… ». Les gens racontant ou écrivant le contraire sont purement et simplement des escrocs qui en veulent à votre argent et ne vous feront absolument jamais travailler. Attention aussi aux séances photos aux prix exorbitants. Formez-vous et, j’en reviens au début : sachez pourquoi vous voulez faire ça. Ça devrait vous mettre sur les bonnes pistes.

Mars Say

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